jeudi 5 février 2015

Du Doubs à l'Aisne, la montée du Front National est-elle une fatalité?

Déclaration de Marie-Françoise Bechtel ,Députée MRC de l'Aisne et Vice Présidente du MRC.

Du Doubs à l’Aisne, la montée du Front National est-elle une fatalité ?

Avec des caractéristiques différentes, voici deux départements qui ont au moins en commun d’être touchés par la désindustrialisation et de se sentir éloignés des centres de décision. Deux départements qui ont aussi en commun de porter très haut le Front National dans les urnes. Le niveau particulièrement élevé du sc...ore réalisé hier dans la quatrième circonscription du Doubs par une candidate FN pourtant peu charismatique tient sans doute à l’effet Moscovici : il s’agissait de remplacer un homme cumulant jusqu’à la caricature ce que les électeurs peuvent reprocher aux hommes de pouvoir entre l’abandon de la politique industrielle et l’abdication de toute volonté nationale en Europe. Mais il témoigne aussi d’une tendance lourde, si lourde que, de scrutin en scrutin, on ne parvient plus à s’en défaire. Cette tendance ne gêne qu’en apparence une classe politique dont le désarroi porte plus sur les chiffres électoraux que sur ce qu’ils révèlent.
En réalité le Front National fait partie du système qu’il dénonce. Il offre un parfait alibi aux deux grands partis de gouvernement, le PS et l’UMP, qui préfèrent encore laisser leur base électorale se rétrécir que de repartir à la conquête d’un électorat populaire. Pour cela en effet, il faudrait changer de logiciel sur la question européenne et là encore l’entêtement malsain des deux partis qui ont voté ensemble le traité de Lisbonne bloque toute évolution saine de la situation politique. Le sursaut du peuple grec en faveur d’une réorientation progressiste de l’Europe les dérange donc finalement tout autant que le score élevé du FN en France. Il reste à espérer que le Président de la République, homme habile au compromis et à la synthèse, sache utiliser l’espace ouvert par la nouvelle donne en Grèce pour agir sur ce qui fait la force de l’extrême-droite en France. Renégocier pour de bon en Europe rendrait en même temps au parti de gouvernement qui le soutient un espace que le Front de Gauche n’est pas capable d’occuper. Alors oui, le FN pourrait sans doute se trouver cantonné. Mais la volonté doit être claire : c’est bien l’Europe qu’il s’agit de réorienter non en mots mais en actes.

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