Jacky Blavier responsable du comité « OBJECTIF 2020 »
Histoire de notre fête nationale :
Le 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
La
fête nationale commémore d'abord le 14 juillet 1789, première journée
révolutionnaire à portée symbolique. Cet été là, une grande agitation règne à Paris. Face au mécontentement populaire, le roi a
réuni les Etats généraux, une assemblée des représentants de la noblesse, du
clergé et du tiers-état. Ces derniers demandent une réforme
profonde des institutions et, le 9 juillet, se proclament Assemblée
nationale constituante.
L'initiative
inquiète le roi qui fait venir en secret des régiments suisses et allemands à
proximité de Versailles. La rumeur
court bientôt que les troupes royales se préparent à entrer dans Paris pour
arrêter les députés. Le 12 juillet, un orateur harangue la
foule qu'il appelle à réagir : c'est Camille Desmoulins, monté sur un tonneau,
qui annonce une "Saint Barthélemy des patriotes". Au matin du
14 juillet, des Parisiens en colère vont chercher des armes aux Invalides,
puis se dirigent vers la vieille forteresse royale de la Bastille, en quête de
poudre.
Après
une journée de fusillade sanglante, et grâce au ralliement de gardes nationaux,
les Parisiens s'en emparent et entament sa démolition. Au final, ils ne
libèrent que quelques prisonniers et malfrats sans envergure. Mais cette vieille prison médiévale incarne
l'arbitraire de l'Ancien régime. En l'abattant, les Parisiens font tomber un
rempart de l'absolutisme. Et cette journée, qui marque le début de
la Révolution, restera dans les mémoires comme un jour de liberté. Cependant la
fête nationale fait aussi référence à un autre événement moins connu : la
fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
Le 14 juillet 1790 : fête de la
Fédération
Depuis
l'été 1789, partout dans les provinces françaises, se sont créées des
"fédérations" régionales de gardes nationaux. Une réaction à
l'affaiblissement du pouvoir central. Afin de contrôler ce mouvement spontané, la Commune de Paris, sous
l'impulsion de Lafayette, décide de fonder une grande Fédération nationale
regroupant des représentants des fédérations locales et de les réunir à Paris
le 14 juillet. La cérémonie est censée célébrer la prise de la
Bastille, mais aussi apporter un semblant d'ordre et d'unité dans un pays en
crise. Le jour dit, 14 000 soldats fédérés arrivent donc à Paris et
défilent sous la bannière de leur département, de la Bastille jusqu'au
Champ-de-Mars.
Sur
une esplanade aménagée pour l'occasion, une grande messe est célébrée, à la
suite de quoi le roi Louis XVI jure de maintenir "la Constitution
décidée par l'Assemblée nationale". Les 400 000 Parisiens
présents ce jour-là acclament leur souverain : la monarchie n'est donc pas
remise en cause. L'aspiration à
l'union nationale triomphe et la cérémonie se transforme en grande fête
populaire. Mais la réconciliation nationale sera de courte durée. Deux
ans plus tard, le roi est arrêté et condamné à mort.
1880 : le
14 juillet devient fête nationale
Pendant
près d'un siècle, la commémoration du 14 juillet est abandonnée. Elle
réapparaît en 1880, sous la IIIe République. Le régime, pour se consolider, cherche à construire un nouvel imaginaire
national, autour de symboles républicains. C'est ainsi que la
Marseillaise devient hymne officiel et le 14 juillet fête nationale. Mais
la proposition qui émane du député de la Seine Benjamin Raspail n'est pas
accueillie unanimement par l'Assemblée. Certains députés mettent en cause la
violence du 14 juillet 1789. Et c'est finalement autour du 14 juillet
1790 que se fait le consensus.
En
1880, pour la première fête nationale, la République fait les choses en grand.
Le ministre de l'Intérieur prescrit aux préfets de veiller à ce que cette
journée "soit célébrée avec autant d'éclat que le comportent les
ressources locales". Un défilé militaire est organisé sur l'hippodrome de
Longchamp devant 300 000 spectateurs, en présence du Président Jules
Grévy. Il s'agit de montrer le redressement de l'armée française après la
défaite contre la Prusse en 1870. Ce
défilé militaire, toujours en vigueur, s'inspire aussi du défilé des gardes
fédérés de 1790.
Cette
année là, on inaugure également le monument surmonté de la statue de la place
de la République, et partout sont donnés concerts et feux d'artifices. "La
colonne de Juillet" qui surplombe la place de la Bastille, elle, ne se
réfère pas au 14 juillet 1789. Elle porte le nom des victimes des journées
révolutionnaire de juillet 1830, les "Trois glorieuses".
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