Le candidat à la présidentielle a dénoncé, jeudi matin, l'état de l'économie agricole en France tout en appelant le «peuple de droite orphelin» à le rejoindre.
Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout Le France, a déposé des bougies, jeudi, au salon de l'Agriculture à Paris, à la mémoire des agriculteurs ayant mis fin à leurs jours. Pour le candidat à la présidentielle, cet hommage aux suicidés du monde rural, suivi d'une minute de silence, était une manière de rappeler la gravité de la crise agricole, à quelques semaines du scrutin national. L'air grave, volant la vedette à Michèle Alliot-Marie présente elle aussi dans l'entrée du pavillon 1, il a dénoncé «l'agro business», le «scandale d'un pays qui conduit ceux qui le nourrissent à se tuer», la «grande distribution» ou encore le salon qui, selon lui, «cache cette vérité». Promettant un programme de «rupture» et la «garantie des prix», il a lancé: «Un tiers des agriculteurs vivent avec 350 euros par mois pour sept jours sur sept de travail. Quelle profession accepterait?»
«Un suicide tous les deux jours»
À ses côtés, Anne Boissel, maire de Saon en Normandie et exploitante laitière, a souligné l'état de «grande difficulté» de sa profession. Au-dessous de 35 centimes le litre de lait, elle affirme ne pas pouvoir vivre de son travail. «Nous sommes usés, fatigués. Nous sommes la génération de ceux qui vendent leur exploitation» a-t-elle regretté en évoquant la «charge de travail», les «ennuis financiers» et les «lourdeurs administratives». Elle s'est émue en rappelant le suicide récent d'une agricultrice en Bretagne, mère de deux enfants. «Elle avait 47 ans» a déploré l'élue rurale, qui insiste sur les dépressions identifiées par la MSA et un secteur professionnel frappé, selon elle, par un «suicide tous les deux jours». La cause principale de ces drames? «La libéralisation du marché», la «mondialisation» et les «modèles» des fermes soutenues par la FNSEA comme celui des Mille Vaches qui «n'appartiennent plus aux paysans» mais aux «investisseurs». Elle croit au contraire que le développement «d'avenir» repose sur «la qualité» et que celle-ci peut être garantie par des exploitations à «taille humaine».
Fillon responsable d'un «suicide collectif»
Interrogé sur la dernière déclaration de François Fillon, Nicolas Dupont-Aignan a voulu envoyer un message au «peuple de droite orphelin», en considérant que le candidat de la droite prenait «en otages» les électeurs et qu'il était responsable d'un «suicide collectif». Face au risque d'une victoire d'Emmanuel Macron, il a estimé qu'il était «temps de se remobiliser pour le battre». Au passage, il a aussi cherché à se démarquer de Marine Le Pen sur la question européenne tout en jugeant que ses rivaux, des Républicains et du FN, ne pouvaient pas être à la fois candidats à la présidence de la République et contester les institutions de cette même république. Quant au programme de Macron, il l'a jugé «creux comme un tambour». «Il n'y a rien dedans» a-t-il dénoncé.
Le député de l'Essonne a ensuite débuté un parcours prévu durant trois heures pour écouter les professionnels et exposer les grandes lignes de son projet présidentiel. «Ce sont des criminels qui viennent visiter ce salon, ça suffit, il va falloir réagir. Sinon vous aurez une révolution» a prévenu l'élu souverainiste avant d'entamer sa marche.
Parallèlement, au nom du «pluralisme» et de la «démocratie», le maire de Yerres a expliqué avoir engagé un bras de fer avec TF1 concernant l'organisation d'un débat prévu, sans lui, sur la première chaîne de France. S'appuyant sur une lettre du Conseil supérieur de l'audiovisuel publiée la veille, qu'il a vue comme un soutien à certains arguments de sa demande, Nicolas Dupont-Aignan a engagé une procédure en référé au Conseil d'État. «La loi sur l'équité doit être respectée. J'appelle à boycotter cette chaîne» a enfin lancé, le candidat à la présidentielle, en attendant la décision du juge.
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