Agriculture, L’échec
de Hollande et de ses prédécesseurs.
Hollande devrait
savoir qu'il ne suffit pas d'aider les agriculteurs en difficulté, qui sont de
plus en plus nombreux, en raison de la politique européenne, donc la sienne.
Les libéraux ont battu les régulateurs au niveau européen il y a longtemps et
la France a laissé faire. Il aurait fallu créer le rapport de force en faisant
la politique de la chaise vide. Malheureusement, nos gouvernants n'ont cessé de
s'éloigner du gaullisme.
Lettres blanches sur fond noir, sur des t-shirts ou
des banderoles accrochées aux stalles des vaches, le slogan s'étale sous le nez
des familles en visite au Salon de l'Agriculture: "Je suis éleveur, je
meurs".
Un cri de désespoir impossible à rater,
dans l'immense pavillon 1 qui accueille taureaux et vaches de concours,
porcelets dodus et moutons touffus.
Avant l'arrivée des visiteurs, le
président François Hollande y a été hué et insulté dès l'aube, par des éleveurs
laitiers en particulier, excédés par la chute des prix de leur production et
l'effondrement de leurs revenus.
"On ne veut pas vivre décemment, on
veut vivre tout court. Pour l'instant c'est l'agonie", assène Marion
Quartier, éleveuse de vaches laitières dans l'Aube, qui trouve "terrible
d'être la dernière d'une génération".
Un éleveur de vaches au salon de l'agriculture à Paris
le 27 février 2016 (AFP / JOEL SAGET)
"J'avais en tête de reprendre
l'exploitation à la retraite de mon père. Mais là je n'ai plus envie de
m'installer", confie à l'AFP le jeune homme qui envisage plutôt de trouver
un emploi salarié dans le secteur agricole.
Même crainte chez Brice Bompas, 23 ans,
venu du Maine-et-Loire où il est salarié dans un élevage.
Avec un camarade, "on devait
reprendre l'exploitation mais c'est repoussé car les banques ne veulent pas
suivre", explique-t-il. Pour agrandir la salle de traite, il a besoin
d'investir 100.000 à 200.000 euros.
- Dépôts de bilan et suicides -
Le salon reste une occasion rare de
rencontrer des collègues d'autres régions et de partager leurs déboires.
"On se rend compte qu'il y a
partout des cas dramatiques. J'ai parlé avec des éleveurs du sud-ouest dont les
laiteries ont dénoncé les contrats car elles n'avaient plus besoin d'eux. Ils
ne savent même plus où livrer leur lait", raconte Alban Varnier, membre du
collectif d'éleveurs de Prim-Holstein qui a fait fabriquer les t-shirts noirs
avec lesquels ils ont accueilli le chef de l'Etat.
Imprimé sur sa poitrine: "Elevage
français, état d'urgence".
Un œil toujours posé sur leurs bêtes,
beaucoup évoquent "les dépôts de bilan, les suicides. On en entend parler
tous les jours".
Au dessus de la tête de magnifiques
vaches Simmental, beige clair tachetées de blanc, une immense banderole:
"Je suis le top de la qualité française, mais ma passion ne suffit
plus".
Posé dans la paille, un panneau
interpelle le visiteur: "Mon lait est vendu 28 centimes (en dessous du
prix de revient bien supérieur à 30 centimes, ndlr), vous l'achetez un
euro".
"Le consommateur n'a plus la
réalité du coût des choses. Il va acheter des vies de Candy Crush (un jeu sur
téléphone mobile, ndlr) à 99 centimes et ne va pas mettre 40 centimes dans un
litre de lait", déplore Marion Quartier.
C'est d'ailleurs pour communiquer avec
le public que les éleveurs ont ignoré les appels au boycott.
"Ce serait dommage de boycotter car
ces visiteurs sont aussi nos consommateurs. On vient pour discuter. S'il n'y
avait pas ça, on ne serait pas là", commente Philippe Vasseur, éleveur de
cochons dans la Sarthe, qui ne vit plus que grâce au salaire de son épouse.
Les éleveurs porcins, à la pointe des
manifestations et blocages de route ces dernières semaines, sont moins
revendicatifs au salon, où sont présents surtout les représentants de
micro-filières de qualité (cochon de Bigorre, du Limousin...), moins touchés
par l'effondrement des prix que la filière standard.
Les coeurs sont lourds, mais le salon
est aussi une bouffée d'air.
"On parle un peu de la crise mais
pas seulement. On est là pour se changer les idées, oublier le quotidien, ne
pas rester enfermés chez nous", confie Brice Bompas.
Comme le jeune homme, la plupart sont
venus "par passion". De leurs animaux, et des concours agricoles, qui
mettent en valeur leur travail et donneront une valeur ajoutée à leurs
productions.
"Le métier est assez difficile
comme ça au quotidien. Si on n'a pas la passion, c'est le bagne", glisse
Alban Varnier.
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