JACKY
BLAVIER :
Président
de la fédération de la Marne du MRC de
2001 à 2010.
Conseiller
municipal de 1995 à 2008
Candidat
au mandat de député en juin 1993 – décembre 1993 - 2002- 2007
Candidat
au mandat de conseiller général en 1992-1998
Candidat
sur une liste aux régionales de 2004
Candidat
sur une liste aux municipales de 1983-1995-2001-2008-2014
Président
du comité « OBJECTIF 2020 »
Lettre ouverte
aux responsables de gauche, aux patriotes, aux républicains de la région Grand-Est ou ALCA « Alsace-Lorraine-
Champagne-Ardenne ».
Madame, Monsieur, Chers(e) amis(e), Chers(e) camarades,
Si
je me décide aujourd'hui à vous adresser cette lettre ouverte, c'est tout
d'abord parce que j'en ressens l'impérieuse nécessité devant l'ampleur des
difficultés que traverse notre pays. Je le fais au regard des responsabilités
qui sont les vôtres au sein des différentes organisations politiques de gauche
que vous représentez dans notre région. Et au delà, je veux également
m'adresser aux républicains, y compris ceux de "l'autre rive" avec
lesquels nous partageons l'amour de la France et de la République. Je suis en
effet convaincu qu'aujourd'hui, il nous faut tracer une perspective
politique pour notre pays qui s'appuie sur un projet républicain, social,
patriotique et internationaliste.
Nous
ne traversons pas une simple crise gouvernementale, mais une crise politique de
très grande ampleur, dont les évènements actuels ne sont qu'un épisode de plus.
Cette crise vient de loin. Souvenons-nous déjà de 1983 et du "tournant
de la rigueur". S'en est suivie immédiatement l'émergence du FN et le
décrochage de l'électorat populaire a inexorablement débuté. Puis vinrent les
législatives de 1986. Le génie tactique de François Mitterrand
a permis la victoire de 1988 mais n'a pu éviter la déroute de 1993, conséquence
notamment du Traité de Maastricht (1992), de la politique du "Franc
fort" et de l'arrimage de notre monnaie au Deutsch Marck afin de
réaliser l'euro.
Dans
un contexte international totalement nouveau en 1989: disparition de l'URSS,
fin de la Guerre froide, effondrement du Mur de Berlin et réunification de
l'Allemagne, notre électorat a rejeté de toutes ses forces la marche imposée
vers le libéralisme financier dont la construction européenne était devenue le
cheval de Troie. Les résultats électoraux, dans notre région étaient sans
ambiguïté et annonçaient clairement ce qui allait se passer par la suite...La
victoire de 1997 a débouché sur le 21 avril 2002, faute d'avoir transformé un
succès électoral en projet et en perspective politique.
Fondamentalement,
"la gauche plurielle" a trébuché sur les mêmes obstacles qui
nous font chuter aujourd'hui...Nous connaissons la suite...29 mai 2005 et
depuis nous allons de soubresauts en secousses, à chaque fois plus violentes.
La
crise financière de 2007 s'est rapidement transmise à l'économie réelle. Elle a
fait apparaître au grand jour, la contamination de notre appareil productif et
économique par la folie financière fruit des politiques européennes et des accords
de libre-échange.
La
question des dettes publiques, pour importante qu'elle soit, doit d'abord être
examinée au regard des conséquences de la crise. C'est la crise de 2007, ainsi
que la mise en concurrence au niveau mondial des différents systèmes sociaux
qui ont provoqué cette situation, désormais insoutenable. Dans le cadre
d'une parfaite orthodoxie financière, il faut mettre en place au niveau
continental, des politiques d'austérité. Leur but essentiel est d'abord
d'assurer la rentabilité du capital, donc d'en assurer sa domination.
Cette
politique est indispensable à l'Allemagne et correspond à ses intérêts. Sa
population vieillit et diminue, elle a donc besoin de rente. Sans oublier le
coût de la réunification avec l'ancienne RDA.
La
perspective tranquille et rassurante, d’une intégration dans une Union
européenne, qui était en réalité génétiquement programmée pour s’épanouir à
l’ombre de la puissance des Etats Unis d’Amérique et dans le contexte de la
Guerre froide, n’est définitivement plus d’actualité.
La
France doit à nouveau apprendre à jouer sa propre partition dans le «
concert des nations » et retrouver le goût des grands espaces,
conformément à son génie.
A
ce jeu-là, l’Allemagne a pris une longueur d’avance. Elle a reconstitué sa zone
d'influence en Europe ainsi que sa puissance politique, et a imposé sa monnaie.
Dans cette affaire ce qui est grave, ce n’est pas la puissance allemande, c’est
la faiblesse française.
L'austérité
ne peut être une ligne d'horizon. Elle met à mal le pacte républicain et l'idée
que nous nous faisons de notre pays. Elle exacerbe les tensions, elle condamne
la gauche à mort et au delà, la République elle-même.
Comme
beaucoup d'entre nous, je me fais, moi aussi, une "certaine idée de la
France". Je le revendique et j'en suis fier. Sans arrogance, sans
aucun sentiment de supériorité sur quiconque. Oui je suis un patriote républicain et c'est au nom de ce patriotisme
que je m'adresse à vous.
Aujourd'hui
notre pays est blessé, bien souvent les Français se sentent humiliés, atteints
dans leur honneur et leur dignité. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, ce
sentiment d'abaissement et de déclassement social, économique, diplomatique,
politique de leur pays. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, que leurs
enfants puissent vivre moins bien qu'eux. Ils ne supportent pas, et ils ont
raison, qu'on essaie de leur faire croire que le progrès social est un luxe
qu'on ne peut plus se permettre.
Pourquoi
faire des sacrifices si c'est pour vivre encore plus mal? Notre Région a
déjà beaucoup donné au pays, elle est encore prête à le faire, mais tout cela
doit avoir un sens. Il y faut une perspective politique qui ne saurait
se limiter à la fusion de l’Alsace-Lorraine- Champagne-Ardenne.
Je
refuse de laisser la Patrie, la République, la Nation et l'amour du pays à
celles et ceux qui ne feraient que les récupérer sur les décombres de nos
propres insuffisances et de nos abandons. Je m'y refuse!
Je
ne mourrai pas pour Bruxelles ou pour l'austérité sans combattre.
Dans les jours qui viennent, je me permettrai de revenir vers vous afin
d'engager une réflexion qui doit être collective, directe, franche, loyale.
Je
ne doute pas un seul instant de votre réponse ainsi que de votre amour du pays
et de la République.
Mesdames,
Messieurs, chers(e) amis(e), chers(e) camarade, je suis à votre disposition et vous adresse mes salutations républicaines.
JACKY BLAVIER