vendredi 30 octobre 2015

Lettre ouverte


 

JACKY BLAVIER :

Président de la fédération de la Marne du MRC  de 2001 à  2010.

Conseiller municipal de 1995 à 2008

Candidat au mandat  de député en  juin 1993 – décembre 1993 -  2002- 2007

Candidat au mandat de conseiller général en 1992-1998

Candidat sur une liste  aux régionales de  2004

Candidat sur une liste aux municipales de 1983-1995-2001-2008-2014

Président du comité « OBJECTIF 2020 »

Lettre ouverte aux responsables de gauche, aux patriotes, aux républicains de la région  Grand-Est ou ALCA « Alsace-Lorraine- Champagne-Ardenne ».

Madame, Monsieur, Chers(e) amis(e), Chers(e) camarades,

Si je me décide aujourd'hui à vous adresser cette lettre ouverte, c'est tout d'abord parce que j'en ressens l'impérieuse nécessité devant l'ampleur des difficultés que traverse notre pays. Je le fais au regard des responsabilités qui sont les vôtres au sein des différentes organisations politiques de gauche que vous représentez dans notre région. Et au delà, je veux également m'adresser aux républicains, y compris ceux de "l'autre rive" avec lesquels nous partageons l'amour de la France et de la République. Je suis en effet convaincu qu'aujourd'hui, il nous faut tracer une perspective politique pour notre pays qui s'appuie sur un projet républicain, social, patriotique et internationaliste.

Nous ne traversons pas une simple crise gouvernementale, mais une crise politique de très grande ampleur, dont les évènements actuels ne sont qu'un épisode de plus. Cette crise vient de loin. Souvenons-nous déjà de 1983 et du "tournant de la rigueur". S'en est suivie immédiatement l'émergence du FN et le décrochage de l'électorat populaire a inexorablement débuté. Puis vinrent les législatives de 1986. Le génie tactique de François Mitterrand a permis la victoire de 1988 mais n'a pu éviter la déroute de 1993, conséquence notamment du Traité de Maastricht (1992), de la politique du "Franc fort" et de l'arrimage de notre monnaie au Deutsch Marck afin de réaliser l'euro.

Dans un contexte international totalement nouveau en 1989: disparition de l'URSS, fin de la Guerre froide, effondrement du Mur de Berlin et réunification de l'Allemagne, notre électorat a rejeté de toutes ses forces la marche imposée vers le libéralisme financier dont la construction européenne était devenue le cheval de Troie. Les résultats électoraux, dans notre région étaient sans ambiguïté et annonçaient clairement ce qui allait se passer par la suite...La victoire de 1997 a débouché sur le 21 avril 2002, faute d'avoir transformé un succès électoral en projet et en perspective politique.

Fondamentalement, "la gauche plurielle" a trébuché sur les mêmes obstacles qui nous font chuter aujourd'hui...Nous connaissons la suite...29 mai 2005 et depuis nous allons de soubresauts en secousses, à chaque fois plus violentes.

La crise financière de 2007 s'est rapidement transmise à l'économie réelle. Elle a fait apparaître au grand jour, la contamination de notre appareil productif et économique par la folie financière fruit des politiques européennes et des accords de libre-échange.

La question des dettes publiques, pour importante qu'elle soit, doit d'abord être examinée au regard des conséquences de la crise. C'est la crise de 2007, ainsi que la mise en concurrence au niveau mondial des différents systèmes sociaux qui ont provoqué cette situation, désormais insoutenable. Dans le cadre d'une parfaite orthodoxie financière, il faut mettre en place au niveau continental, des politiques d'austérité. Leur but essentiel est d'abord d'assurer la rentabilité du capital, donc d'en assurer sa domination.

Cette politique est indispensable à l'Allemagne et correspond à ses intérêts. Sa population vieillit et diminue, elle a donc besoin de rente. Sans oublier le coût de la réunification avec l'ancienne RDA.

La perspective tranquille et rassurante, d’une intégration dans une Union européenne, qui était en réalité génétiquement programmée pour s’épanouir à l’ombre de la puissance des Etats Unis d’Amérique et dans le contexte de la Guerre froide, n’est définitivement plus d’actualité.

La France doit à nouveau apprendre à jouer sa propre partition dans le « concert des nations » et retrouver le goût des grands espaces, conformément à son génie.

A ce jeu-là, l’Allemagne a pris une longueur d’avance. Elle a reconstitué sa zone d'influence en Europe ainsi que sa puissance politique, et a imposé sa monnaie. Dans cette affaire ce qui est grave, ce n’est pas la puissance allemande, c’est la faiblesse française.

L'austérité ne peut être une ligne d'horizon. Elle met à mal le pacte républicain et l'idée que nous nous faisons de notre pays. Elle exacerbe les tensions, elle condamne la gauche à mort et au delà, la République elle-même.

Comme beaucoup d'entre nous, je me fais, moi aussi, une "certaine idée de la France". Je le revendique et j'en suis fier. Sans arrogance, sans aucun sentiment de supériorité sur quiconque. Oui je suis un patriote républicain et c'est au nom de ce patriotisme que je m'adresse à vous.

Aujourd'hui notre pays est blessé, bien souvent les Français se sentent humiliés, atteints dans leur honneur et leur dignité. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, ce sentiment d'abaissement et de déclassement social, économique, diplomatique, politique de leur pays. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, que leurs enfants puissent vivre moins bien qu'eux. Ils ne supportent pas, et ils ont raison, qu'on essaie de leur faire croire que le progrès social est un luxe qu'on ne peut plus se permettre.

Pourquoi faire des sacrifices si c'est pour vivre encore plus mal? Notre Région a déjà beaucoup donné au pays, elle est encore prête à le faire, mais tout cela doit avoir un sens. Il y faut une perspective politique qui ne saurait se limiter à la fusion de l’Alsace-Lorraine- Champagne-Ardenne.

Je refuse de laisser la Patrie, la République, la Nation et l'amour du pays à celles et ceux qui ne feraient que les récupérer sur les décombres de nos propres insuffisances et de nos abandons. Je m'y refuse!

Je ne mourrai pas pour Bruxelles ou pour l'austérité sans combattre.

Dans les jours qui viennent, je me permettrai de revenir vers vous afin d'engager une réflexion qui doit être collective, directe, franche, loyale.

Je ne doute pas un seul instant de votre réponse ainsi que de votre amour du pays et de la République.

Mesdames, Messieurs, chers(e) amis(e), chers(e) camarade, je suis à votre disposition  et vous adresse mes salutations républicaines. 

JACKY BLAVIER

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